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Fiche pratique

Garde Ă  vue

Vérifié le 27/10/2021 - Direction de l'information légale et administrative (PremiÚre ministre), MinistÚre chargé de la justice

La garde Ă  vue est une mesure privative de libertĂ© prise Ă  l'encontre d'une personne suspectĂ©e d'avoir commis une infraction, lors d'une enquĂȘte judiciaire. Elle permet Ă  l'enquĂȘteur d'avoir le suspect Ă  sa disposition pour pouvoir l'interroger et vĂ©rifier si ses dĂ©clarations sont exactes. La durĂ©e de la garde Ă  vue est limitĂ©e. Le suspect a des droits en tant que gardĂ© Ă  vue, dont celui d'ĂȘtre assistĂ© par un avocat.

Une personne peut ĂȘtre mise en garde Ă  vue uniquement s'il lui est reprochĂ© un crime ou un dĂ©lit puni d'une peine d'emprisonnement. Il faut qu'il existe des raisons valables pouvant faire croire que la personne a commis ou tentĂ© de commettre une infraction.

Un officier de police judiciaire (OPJ), Ă  son initiative ou sur instruction du procureur de la RĂ©publique, peut dĂ©cider d'une garde Ă  vue. L'OPJ peut ĂȘtre un policier ou un gendarme. DĂšs le dĂ©but de la garde Ă  vue, il doit en informer le procureur de la RĂ©publique.

Elle doit ĂȘtre l'unique moyen de parvenir Ă  l'un, au moins, des objectifs suivants :

  • Continuer une enquĂȘte avec la prĂ©sence de la personne suspectĂ©e
  • Garantir la prĂ©sentation de la personne Ă  la justice
  • EmpĂȘcher la destruction d'indices
  • EmpĂȘcher une concertation, c'est-Ă -dire une conversation avec des complices
  • EmpĂȘcher toute pression sur les tĂ©moins ou les victimes
  • ArrĂȘter l'infraction en cours

  À savoir

une personne suspectĂ©e d'une infraction peut aussi ĂȘtre entendue en audition libre.

Durée initiale

La durĂ©e de la garde Ă  vue est de 24 heures, mais cette durĂ©e peut ĂȘtre abrĂ©gĂ©e ou prolongĂ©e.

Le dĂ©but de la garde Ă  vue est le moment oĂč le suspect est retenu, parfois avec force, par l'OPJ. Par exemple, le suspect est empĂȘchĂ© de partir des locaux de la police judiciaire.

Il doit ĂȘtre informĂ© immĂ©diatement de son placement en garde Ă  vue. Mais l'information peut ĂȘtre faite plus tard, si la situation ne le permet pas au moment oĂč la garde Ă  vue commence.

Le début de la garde à vue est le moment de l'arrestation.

 Exemple

Si une personne est arrĂȘtĂ©e lundi Ă  15 h puis amenĂ©e au commissariat Ă  16 h, le dĂ©but de la garde Ă  vue est 15 h et la fin sera mardi Ă  15 h.

Le début de la garde à vue est l'heure du test d'alcoolémie ou de stupéfiants, en cas d'infraction routiÚre.

 Exemple

Si une personne est contrĂŽlĂ©e et testĂ©e mardi Ă  19 h puis amenĂ©e au commissariat oĂč sont faits d'autres tests jusqu'Ă  20 h, la garde Ă  vue dĂ©bute Ă  19 h et se termine mercredi Ă  19 h.

Le début de la garde à vue est l'heure de placement en chambre de dégrisement.

 Exemple

Si une personne est placĂ©e en cellule de dĂ©grisement jeudi Ă  22 h, la garde Ă  vue se finit vendredi Ă  22 h, quelle que soit l'heure oĂč l'OPJ a annoncĂ© cette garde Ă  vue.

Prolongation

La garde Ă  vue peut ĂȘtre prolongĂ©e si l'infraction reprochĂ©e est punie d'une peine de prison d'au moins 1 an. La prolongation doit ĂȘtre l'unique moyen d'atteindre un des objectifs qui a permis la garde Ă  vue initiale, c'est-Ă  dire :

  • Continuer une enquĂȘte avec la prĂ©sence de la personne suspectĂ©e
  • Garantir la prĂ©sentation de la personne Ă  la justice
  • EmpĂȘcher la destruction d'indices
  • EmpĂȘcher une concertation c'est-Ă -dire une conversation avec des complices
  • EmpĂȘcher toute pression sur les tĂ©moins ou les victimes
  • ArrĂȘter l'infraction en cours

La durĂ©e initiale de la garde Ă  vue peut ĂȘtre augmentĂ©e de 24 heures (48 heures au total). Cette prolongation est dĂ©cidĂ©e par le procureur de la RĂ©publique en cas d'enquĂȘte de flagrance ou d'enquĂȘte prĂ©liminaire ou par le juge d'instruction dans le cadre d'une information judiciaire.

Avant cette prolongation, le suspect gardĂ© Ă  vue peut ĂȘtre entendu par le magistrat compĂ©tent. Il peut ĂȘtre entendu au tribunal ou par visioconfĂ©rence.

Pour les infractions graves, la garde Ă  vue peut ĂȘtre prolongĂ©e pour atteindre la durĂ©e totale de 72 heures (ou 96 et 144 heures, en cas de trafic de drogue, terrorisme...). Dans ces cas, la dĂ©cision est prise par le juge d'instruction, lors d'une information judiciaire, ou par le juge des libertĂ©s et de la dĂ©tention (JLD) dans les autres cas.

Notifications des droits

L'officier de police judiciaire (OPJ) doit informer immédiatement et dans une langue qu'elle comprend, la personne gardée à vue, des éléments suivants :

  • DĂ©but de la garde Ă  vue, durĂ©e et possibilitĂ© d'une prolongation de sa durĂ©e initiale
  • Infraction qu'elle est suspectĂ©e d'avoir commise, date et lieu prĂ©sumĂ©s de celle-ci
  • Objectifs visĂ©s par la garde Ă  vue
  • Droit d'ĂȘtre examinĂ©e par un mĂ©decin
  • Droit de faire prĂ©venir par tĂ©lĂ©phone un proche (un seul), son employeur, et si elle est de nationalitĂ© Ă©trangĂšre, les autoritĂ©s consulaires de son pays
  • Droit d'ĂȘtre assistĂ©e par un avocat, choisi par elle ou commis d'office, dĂšs le dĂ©but de la garde Ă  vue
  • Droit d'ĂȘtre assistĂ©e par un interprĂšte
  • Droit de se taire, de faire des dĂ©clarations ou de rĂ©pondre aux questions de l'OPJ
  • Droit de prĂ©senter des observations au magistrat qui peut faire une prolongation de la garde Ă  vue
  • Droit de lire, au plus tard avant l'Ă©ventuelle prolongation de la garde Ă  vue, le procĂšs-verbal indiquant le dĂ©but de la garde Ă  vue, les procĂšs-verbaux d'interrogatoire. S'il existe, il peut Ă©galement lire le certificat mĂ©dical Ă©tabli par le mĂ©decin venu l'examiner dans les locaux de la police judiciaire.

 Ă€ noter

un écrit indiquant ces droits est remis à la personne gardée à vue lorsqu'elle est informée du début de sa garde à vue.

Droit Ă  un contact avec un proche et un employeur

Le suspect a le droit de faire prévenir un proche de sa garde à vue. Il ne peut prévenir qu'un seul proche parmi la liste suivante :

  • Personne avec laquelle il vit habituellement
  • PĂšre ou mĂšre
  • Un de ses grands-parents
  • Un de ses enfants
  • Un frĂšre ou une sƓur

Pour garder ou obtenir de nouvelles preuves, le magistrat en charge de l'enquĂȘte peut dĂ©cider que le proche ne soit pas prĂ©venu, ou qu'il le soit plus tard. Par exemple, s'il faut faire une perquisition, pour Ă©viter la dissimulation de preuves, le procureur de la RĂ©publique peut retarder le moment oĂč il prĂ©vient la personne choisie par le suspect.

Le procureur peut aussi retarder l'information Ă  un proche ou mĂȘme ne pas l'accorder pour empĂȘcher une atteinte grave Ă  la vie, la libertĂ© ou l'intĂ©gritĂ© physique d'une personne. C'est le cas par exemple si le procureur craint qu'un membre de la famille du suspect agresse la plaignant ou un tĂ©moin.

La personne gardĂ©e Ă  vue peut demander Ă  communiquer avec un de ses proches par Ă©crit, par tĂ©lĂ©phone, ou Ă  avoir un entretien. L'OPJ peut refuser si cette communication risque de perturber l'enquĂȘte et de permettre une nouvelle infraction.

 Ă€ noter

lorsque la personne gardée à vue fait l'objet d'une mesure de protection juridique, l'OPJ doit avertir le curateur ou le tuteur.

Droit Ă  un avocat

Le suspect gardé à vue peut demander l'aide d'un avocat dÚs le début de la garde à vue. Il désigne un avocat qu'il connaßt ou il demande un avocat commis d'office.

Si le suspect gardĂ© Ă  vue demande un avocat, sa 1Ăšre audition doit dĂ©buter en prĂ©sence de son dĂ©fenseur sauf si l'audition porte uniquement sur son identitĂ©. Si un dĂ©lai de 2 heures s'est Ă©coulĂ© depuis le contact de l'avocat et que l'avocat n'est pas arrivĂ© sur place, l'audition peut tout de mĂȘme avoir lieu. Le magistrat chargĂ© de l'affaire (juge ou procureur de la RĂ©publique) peut autoriser une audition immĂ©diate.

À son arrivĂ©e, l'avocat peut s'entretenir avec son client pendant 30 minutes et consulter les documents suivants :

  • ProcĂšs verbaux d'audition
  • ProcĂšs verbal concernant le placement en garde Ă  vue
  • Certificat mĂ©dical (s'il a Ă©tĂ© Ă©tabli)

En cas de prolongation de la garde Ă  vue, l'avocat peut une nouvelle fois s'entretenir avec son client pendant 30 minutes.

L'avocat peut assister Ă  tous les interrogatoires et prendre des notes. Il peut aussi assister la personne gardĂ©e Ă  vue lors d'une reconstitution ou ĂȘtre prĂ©sent lors d'une sĂ©ance d'identification Ă  laquelle le suspect participe.

À la fin de chaque interrogatoire, l'avocat peut poser des questions. L'OPJ peut s'y opposer uniquement si celles-ci sont de nature Ă  empĂȘcher le bon dĂ©roulement de l'enquĂȘte.

L'avocat peut également faire des observations dans lesquelles il peut noter les questions refusées. Ces observations sont jointes à la procédure.

Si la personne gardée à vue est transportée dans un autre endroit, son avocat est immédiatement averti.

Palpation ou fouille

La personne gardĂ©e Ă  vue peut faire l'objet d'une palpation de sĂ©curitĂ© ou d'une fouille si elle est nĂ©cessaire pour l'enquĂȘte. Ces actes sont effectuĂ©s par la police ou la gendarmerie :

  • Palpation manuelle ou avec une dĂ©tection Ă©lectronique. Un agent, de mĂȘme sexe que la personne fouillĂ©e, la touche sur ses vĂȘtements. Cet agent peut lui demander d'enlever certains vĂȘtements, mais une mise Ă  nu intĂ©grale est interdite. Cette palpation a pour but de vĂ©rifier que le suspect gardĂ© Ă  vue n'a pas sur lui un objet dangereux. Le consentement n'est pas obligatoire.
  • Fouille intĂ©grale si les 2 actes ci-dessus sont insuffisants. Elle doit ĂȘtre indispensable pour l'enquĂȘte. Le suspect gardĂ© Ă  vue peut ĂȘtre amenĂ© Ă  se dĂ©shabiller. Cette fouille doit ĂȘtre faite par un OPJ de mĂȘme sexe que la personne fouillĂ©e et dans un lieu fermĂ©.

Seul un médecin peut effectuer une fouille dans le corps. Elle est utilisée si le suspect gardé à vue est soupçonné de cacher un objet à l'intérieur de son corps (boulette de drogue par exemple).

  • À la fin de la garde Ă  vue, la personne est libĂ©rĂ©e sur dĂ©cision du procureur de la RĂ©publique ou du juge.

  • À la fin de la garde Ă  vue, le suspect gardĂ© Ă  vue est dĂ©fĂ©rĂ©, c'est-Ă -dire qu'il est transfĂ©rĂ© des locaux de la police judiciaire vers le tribunal. Un entretien est obligatoire avec le procureur de la RĂ©publique ou le juge qui dĂ©cidera des suites judiciaires Ă  prendre. Cette prĂ©sentation doit avoir lieu le jour mĂȘme de la fin de la garde Ă  vue.

 Attention :

si la prĂ©sentation au procureur de la RĂ©publique ou au juge ne peut pas ĂȘtre faite le jour mĂȘme de la garde Ă  vue, elle doit se faire dans un dĂ©lai maximum de 20 heures aprĂšs la fin de la garde Ă  vue. Pendant ce temps, le suspect est retenu dans une des cellules du tribunal.

Pour en savoir plus

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